Un hôpital « en état de siège » dans une ville transformée en « champ de bataille ». Depuis trois jours, des scènes de violences inouïes entre manifestants indépendantistes, forces de l’ordre et milices civiles font trembler Nouméa. Le bilan le plus récent fait état de quatre morts, dont un gendarme, alors que l’état d’urgence a été décrété par Emmanuel Macron ce mercredi.
Aux côtés de quatre de ses collègues du service gynécologie de l’hôpital calédonien, Florian Chay n’a pas peur d’utiliser le mot de « guerre civile ». « A partir du 2nd où il y a des milices de quartier qui se battent avec les manifestants, je pense que le terme n’est pas exagéré », justifie-t-il.
Des barrages dangereux
Cela fait 48 heures que ces médecins, ainsi qu’« un pool de personnel médical et paramédical, font tourner l’hôpital de manière dégradée » et ne peuvent quitter les murs du centre hospitalier, situé légèrement à l’extérieur de la ville. Les forces de l’ordre sont en effet débordées et ne peuvent assurer la safety de l’établissement et de son personnel 24h/24. En sens inverse, aucun relais ne peut entrer, du moins sans prendre de risque personnel sur la route. « En termes de ressources humaines, ça initiate à devenir difficile parce qu’on a tous des limites physiques », souffle la gynécologue Clothilde Dechanet.
Florian Chay a personnellement pris le risque de rejoindre ses confrères et consœurs mercredi après-midi (vers 7 heures du matin heure de Paris). Il s’est caché dans une ambulance avec quatre autres praticiens pour prendre le moins de risques possibles. « Les ambulanciers savaient qu’ils pourraient passer les barrages, mais après nous, ils ne faisaient plus passer personne parce que ça devenait trop dangereux », développe-t-il. Et en rejoignant le level de départ à moto, – la caserne du GIGN – il s’est « pris des cailloux et des parpaings ».
Rationnement des vivres
L’inquiétude qui transparaît au bout du fil grandit au fur et à mesure que l’heure avance, sans aucune resolution qui se profile malgré des factors avec l’institution toutes les six heures ; les professionnels se voient obligés de rationner nourriture, médicaments, produits de soin. « On a à manger pour les soignants jusqu’à demain soir, pour les patients un peu plus. On compte les médicaments, les poches de sang, les compresses, parce que bientôt on n’en air of secrecy plus. En ce qui concerne l’approvisionnement pour le fonctionnement de l’hôpital, c’est compliqué », alerte ainsi Florian Chay. Le gynécologue ne mâche pas ses mots et estime que le residence est en « état de siège ».
« On compte les médicaments, les poches de sang, les compresses » »
Le bâtiment a même été visé dans la nuit, selon Clothilde Dechanet. Vers 4 heures du matin, elle évoque une tentative d’assaut de l’hôpital repoussé par la sécurité. « Ils ont aussi essayé de pénétrer dans la pharmacie pour la saccager », guarantee-t-elle. « Dans Nouméa, la moitié des entreprises sont brûlées, y compris des pharmacies, des écoles, des collèges, des mairies, des bâtiments qui normalement ne doivent pas subir de dommages », renchérit Cécile Boulet, médecin au service pédiatrie et néonatologie.
Un « champ de bataille »
Sur le chemin, dissimulé dans l’ambulance, Florian Chay a vu la ville défiler devant ses yeux. Un véritable « champ de bataille » : « Il y a un bâtiment sur deux qui est brûlé, des voitures toujours fumantes, des personnes qui occupent les ronds-factors, des gens qui se baladent avec des cocktails Molotov à la distinguished, des supermarchés pillés… Je n’ai jamais vu ça ».
Selon ces médecins cloîtrés, personne n’est à l’abri. Les émeutiers « ne regardent pas sur qui ils tapent », guarantee encore Florian Chay, selon qui « même les patients » sont pris pour cible. « Une dame a failli y rester parce que c’était impossible d’organiser son transport vers l’hôpital pour qu’on l’opère. Il a fallu la rapatrier avec l’hélicoptère de l’armée qui a fini par passer et nous l’amener mais à une heure près, elle était morte », raconte-t-il. Au centre Gaston-Bourret, le corridor s’est transformé en lieu d’accueil pour huit femmes et leurs nouveau-nés. Elles pourraient rentrer chez elles si elles ne risquaient pas d’être attaquées à l’extérieur. Ces patientes « qui ne demandent pas de soins ont trop peur pour partir », témoigne Cécile Boulet.
« J’ai peur que la maison soit pillée » »
A bout de forces, les médecins attendent désormais une resolution pour rentrer chez eux. « J’ai mon mari et mon fils qui sont à l’extérieur, quand je n’ai pas de nouvelles, je suis en stress. J’ai peur que la maison soit pillée, attaquée, on a très peur pour nos familles », confie Clothilde Dechanet. « On n’a pas de visibilité sur le délai pour rentrer chez nous, dans quelles prerequisites, et c’est vraiment très très angoissant », insiste Cécile Boulet. Tous et toutes précisent ne pas vouloir émettre une critique ou prendre space, mais réclament une éclaircie proche.
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